Qui n'a pas été un jour surpris par les irrégularités des mois de notre calendrier grégorien ? Pourquoi le mois de février n'a-t-il que 28 jours, pourquoi les mois successifs juillet et août, ainsi que décembre et janvier, ont-ils 31 jours ? Pourquoi le jour intercalaire (le 29 février) est-il à la fin du second mois, n'aurait-il pas été plus simple de le mettre à la fin de l'année ? Enfin pourquoi notre calendrier est-il le seul parmi les calendriers solaires à ne pas faire coïncider l'année avec le début d'une saison ?
Toutes ces curiosités sont liées aux circonstances de la réforme fondamentale qu'a promulguée Jules César peu avant 45 av. J.-C. S'inspirant des Egyptiens qu'il avait visités deux ans plus tôt, il a défini un calendrier solaire avec les mois lunaires du calendrier romain traditionnel de l'époque. A cause des superstitions des Romains, et pour ne pas effacer les dates de certaines fêtes, César a dû choisir cette curieuse alternance des mois conçue par son astronome Sosigène. L'année luni-solaire romaine commençait en mars, quand on pouvait reprendre la guerre. Ainsi les mois de septembre à décembre étaient les mois numéros 7 à 10, comme l'indique leur nom. Sosigène a conçu deux périodes de cinq mois (mars-juillet, août-décembre) exactement semblables, comportant des mois régulièrement alternés de 31 et 30 jours. Janvier et février constituent le début d'une troisième période semblable, interrompue dès que le nombre de jours de l'année tropique est atteint. Février était le mois des soldes de comptes, et aussi le mois des puissances infernales. On y intercalait le 13e mois lunaire, que Sosigène a remplacé par l'intercalation du 366e jour. Il ne fallait pas modifier le nombre de jours de ce mois, déjà fixé à 28, pour ne pas déplaire aux dieux. L'intercalation était un tour de passe-passe: le sixième jour avant les calendes de mars était redoublé en bis sextus dies, ce qui a donné le mot bissextile.
Mais César a tenu à ce que l'année commençât en janvier, car le nom de l'année correspondait à celui du consul qui entrait en fonction début janvier. Le calendrier julien est ainsi entré en vigueur le 1er janvier 45 av. J.-C., ou l'an 709 de Rome.
De plus, cette date de passage correspondait à la fin d'un mois lunaire, non pas au moment du solstice d'hiver. Il aurait fallu attendre neuf années supplémentaires pour que le solstice d'hiver coïncidât avec une nouvelle lune. Heureusement que César n'a pas attendu, car il fut assassiné un an après la promulgation de son calendrier. Mais l'année civile s'est ainsi trouvée décalée de quelques jours par rapport au début de l'hiver. La réforme grégorienne n'a fait que confirmer ce décalage. Notre calendrier, référence dans le monde entier, est le seul calendrier synchronisé au cycle des saisons dont l'année ne commence pas au solstice ou à l'équinoxe.
Ce décalage nous empêche d'apprécier totalement les cycles liés aux saisons, et rend plus difficile l'analyse des phénomènes climatiques, à une époque où ceux-ci deviennent cruciaux pour l'humanité.
Les réformes récentes du calendrier, souvent initiées ou appuyées par des Français, à commencer par le calendrier de la première République, ont toutes buté sur une fausse bonne idée: modifier le rythme social de la semaine. Le but était qu'une même date tombât toujours un même jour de semaine. Or cela oblige à définir un "jour blanc", point sur lequel il est désormais impossible d'obtenir l'accord de toutes les nations, alors qu'elles reconnaissent toutes la même semaine de sept jours. Par ailleurs, maintenir une certaine variabilité entre les années a finalement plus d'avantages que d'inconvénients.
Il est possible de résoudre les faiblesses du calendrier grégorien, notamment vis-à-vis des enjeux actuels de la connaissance du climat, en utilisant un référentiel de mois régulier, en phase avec les saisons, bénéficiant des acquits du calendrier grégorien. C'est sur ces objectifs qu'a été conçu le calendrier milésien.
Plutôt que de prétendre supplanter brusquement le calendrier grégorien, nous pensons que le calendrier milésien montrera d'abord sa pertinence dans les usages scientifiques, économiques, pédagogiques et privés en vue de la compréhension des phénomènes liés aux saisons.
C'est pourquoi nous appelons les scientifiques, économistes, pédagogues, et plus largement toutes les personnes soucieuses d'une meilleure compréhension des phénomènes saisonniers, à tester l'usage du calendrier milésien pour leurs études et même pour leurs communications, et ce en parallèle de l'usage du calendrier grégorien.
L'ouvrage L'Heure milésienne définit les éléments de base relatifs au calendrier milésien. Le présent site présente les éléments essentiels, les outils en accès libre, et se nourrit d'exemples d'usages en vue d'une meilleure maîtrise du rythme du temps de la Terre et de ses saisons. La charte milésienne définit de manière très souple comment les concepts fondamentaux peuvent être mis à disposition du public, tout en préservant les droits légitimes sur la propriété intellectuelle et artistique.
Sur ces bases, chacun et chacune peut, à son niveau, contribuer librement à l'enrichissement du calendrier grégorien par la diffusion de savoirs et de méthodes utiles à tous. L'humanité y gagnera une plus grande maîtrise du temps de la Terre.
Quelques exemples de gestes pour contribuer à cette initiative:
N'est-ce pas un projet utile au monde ?