La page initiale du livre "Voyage autour du pôle à bord de Tara" de Vincent Hilaire (Hachette) est une carte centrée sur le pôle Nord représentant, outre l'itinéraire de la fameuse goélette d'expéditions scientifiques, une "estimation de la banquise en septembre 2013".
On y découvre que Tara fait route de Tuktoyatuk, presque à la limite entre le Canada et l'Alaska, à Pond Inlet, sur la Terre de Baffin face à la côte Ouest du Groenland, entre le 21 septembre et le 6 octobre 2013. Selon la carte, cet itinéraire rase la bordure Sud de la banquise. Dans toute l'histoire de l'humanité, Tara est le troisième voilier à essayer de boucler dans la même saison le passage du Nord-Ouest et le détroit de Bellot, séparant tous deux le Nord du continent canadien et des archipels enfermés pratiquement en permanence dans la glace. En quoi cette période est-elle bien choisie pour cette tentative ?
Traduites en calendrier milésien, les dates de cette étape sont du 1er au 16 décème. Les quinze jours qui suivent l'équinoxe d'automne. C'est là le secret. Car la surface totale de la banquise, régulièrement estimée par des mesures par des satellites d'observations, est chaque année à son minimum autour du 1er décème. L'on voit bien que les marins ont besoin de ces repères différents pour accomplir leur mission. Ils donnent des vitesses en noeuds et des distances en milles marins, ils suivent la lune et calculent en douzièmes pour anticiper les hauteurs de marées,
Je constate que la respiration annuelle de cette banquise est scandée par les mois milésiens plutôt que par ceux de notre calendrier traditionnel. Pour le montrer, je m'appuie sur le graphique que publie en permanence l'Arctic Regional Ocean Observing System, une organisation commune à 17 institutions européennes dont l'Ifremer en France, chargée de surveiller l'évolution de la glace arctique.